22 nov. 2006

La Chronique du JE par Jules-Edouard Moustic

Voir un mec qui court pour rien me désespère, m'épuise, m'accable physiquement et moralement. Que fait-il ? Pourquoi courir ? S'il s'etait réveillé à la bourre au moins une fois dans sa vie avec le petit coeur qui bat en se disant :, il s'arrêterait illico. Pourquoi courir ? Souvent, je regarde derrière le pistard solitaire sans piste. Le constat est amer : pas de lion le poursuivant, pas le moindre mammouth hirsute la bave aux défenses tentant d' écrabouiller ce vermisseau prétentieux. Rien. Devant, rien.Pas de train qui s'éloigne, pas de voiture sans chauffeur dévalant une pente. Rien. Si y avait le feu chez lui, y s'rait pas en short à souffler sur une route. Non, rien. Rien ne le presse. Personne n'est là pour l'encourager. Pas de photographe, pas de gloire, pas de fille pour admirer sa musculature jambonesque, pas de concurrent. Lui a-t-on soudé des écouteurs sur les oreilles avec du Lily Allen en boucle afin de le pousser a l' auto-élimination ? A-t-il ingurgité sans le savoir un café à la figue, bu huit bières d' un trait ? Sais pô. Il court. Des fois, il ne peut s'arrêter. Il est marrant. Il râle contre des voitures. Il sautille sur place comme si les jambes s' étaient emballées, comme si son corps était devenu incontrôlable. Tout ça pour mourir comme les autres. Avouez que c'est bête.

Aucun commentaire: